Installation sélectionnée par La DRAC Rhone-alpes et le Conseil général de la Drôme Dans le cadre de l’opération : « Le Français comme on l’aime »
Lorsque j’ai hérité de cette malle, je n’ai pas pu l’ouvrir, j’avais trop mal. Je l’ai entreposée dans une cave. Quelques années plus tard, le fond de la malle a pris l’humidité et par capillarité les cadres, les photos ont été envahis par l’eau. Petit à petit, les photos ont disparu, les cadres sont devenus opaques ; avec le vert de gris, les moisissures, bref tout s’est effacé. Aujourd’hui, je suis incapable de savoir qui est cet homme avec de grandes moustaches, cette femme avec cette belle robe.
Photographe depuis tant d’années, je travaille en principe pour laisser une trace, photos de mariage, bébés, reportages, personnalités, tous enregistrés sur la pellicule pour l’éternité. Et voilà que dans ma propre histoire, tout s’efface. Il n’y a plus de mémoire. Je ne puis passer le jalon à mes enfants. Tout s’efface et j’ai mal à la mémoire.
– Jean-Louis Gonterre, Janvier 2002